Box de Gizmo

La musique qui filtrait à travers les écouteurs jusqu'à mon oreille était douce mais entraînante à la fois, me faisant sautiller quelques pas après avoir poussé les portes du haras. Je ne pus m'empêcher de jeter un rapide coup d’œil autour de moi pour être certaine que personne n'avait vu ma démarche ridicule. Ouf sauvée, il n'y avait pas un chat ... Je replaçais machinalement mon t-shirt jaune citron avant de prendre la route du bureau. Une des directrices m'avait gentiment accueillit la veille et je passais donc dire bonjour avant de récupérer les clefs de mon casier pour y faire un premier voyage afin d'y déposer mes affaires. C'est donc plusieurs longues minutes plus tard et avec une endurance de bœuf asthmatique que je terminais cette première tâche. Le soleil était là et la chaleur aussi mais je n'allais pas me plaindre vu le temps peu clément que nous avions depuis le début de l'été. Je soufflais un bon coup avant d'attraper ma bouteille qui traînait sur le siège avant de ma voiture. La fraîcheur de l'eau me revigorais alors que j'empruntais désormais le chemin des écuries. Il y avait une myriade d'équidés et il avait été difficile de faire un choix parmi les chevaux proposés. Mais mon dévolu s'était jeté sur un grand étalon pangaré avec un regard doux et une attitude placide. C'était exactement ce qu'il me fallait car il y avait déjà un moment que je n'avais pas placé le pied à l'étrier. Nous allions évoluer ensemble et j'allais retrouver mes sensations avant d'essayer de voir plus loin. Le travail serait long mais j'étais prête à tout donner pour retrouver mon niveau.

Je fis un petit appel de langue pour attirer l'étalon vers moi. Intrigué, Gizmo s'approchait doucement en posant ses naseaux dans le creux de mes mains. Un sourire se dessinait lentement sur mon visage tandis que je réalisais à quel point la présence équine m'avait terriblement manqué. C'était comme une renaissance, une nouvelle bouffée d'air frais, une blessure enfin fermée. Je remontais lentement ma main le long du chanfrein de l'animal, plongeant mon regard dans ses yeux d'ébène. Je fis doucement glisser le verrou de la porte du box avant de l'ouvrir, posant ma main sur le poitrail de l'équidé avant de lui demander de reculer d'une légère pression. Il s'exécutais sans rechigner et je l'en félicitais en flattant gentiment son encolure. Il était temps de préparer le hongre pour une petite séance de travail, tout en douceur. J'attrapais un licol de cuir que j'avais apporté sur mon chariot avec le reste des affaires et lui enfilait sans problèmes. J'y accrochais une longe de coton noir avant d'entrainer l'équidé hors de son box. Gizmo redressait la tête, pointant fièrement ses oreilles vers l'avant en ronflant des naseaux lorsqu'il posait un pied dehors.

« Heureux de sortir loulou ? Tu as du rester un moment sans travailler alors ne t'inquiète pas, nous allons y aller tout doucement. Je suis dans le même état que toi. » lui lançais-je accompagné d'un mince sourire en coin.

J'attachais le hongre avant d'attraper ma boite de pansage pour en sortir un étrille. Je décollais une couche assez impressionnante de poussière et je brossais l'équidé à n'en plus avoir de force. J'avais passé l'étrille le bouchon et la brosse avec tellement d'acharnement que je ne savais même pas si il allait me rester de l'énergie pour monter. Heureusement que mon protégé n'était pas un fou furieux. Enfin d'après les dires, il me restait encore à le vérifier. Je curais ensuite avec soin les quatre pieds de Gizmo, vérifiant également que ses fers tenaient bien. Il ne me restait plus qu'à seller et harnacher le hongre, avant de faire le grand saut dans la carrière. Je posais un tapis tout neuf orange et un amortisseur de mouton noir sur le dos du cheval avant d'y installer ma selle et de sangler de deux trous. J'attrapais un filet à muserolle française accompagné d'un mors à olive que je passais sans difficulté au cheval avant de boucler toutes les courroies. Nous voilà prêts pour faire connaissance.


« Vas-y je suis claquée, pas toi ? »

Gizmo me regardait tandis que j'en faisais de même, comme si j'attendais qu'il me réponde, quelle cruche. Je soupirais en m'étirant avant de m'occuper du hongre. La séance avait pourtant été assez douce mais je n'avais tellement plus l'habitude que j'avais l'impression d'avoir couru un marathon en talon aiguille. Je m'empressais d'enlever le filet que je remplaçais par le licol, puis de libérer le dos de ma monture en enlevant selle, tapis et amortisseur. Le poil de Gizmo était légèrement humide au niveau du harnachement, ce qui m'indiquait qu'il avait également donné. On m'avait prévenu de son âge assez avancé, aussi je ne comptais rien faire de trop endurant pour lui et j'allais me concentrer davantage sur une bonne petite séance de dressage et une belle balade qu'une épuisante séance de cross. Bien sûr, rien ne nous empêchais de sauter quelques barres non plus pour le moment. Je passais un coup de bouchon sur les membres de l'équidé ainsi que sur tout son corps, vérifiant son état général au passage. Tout était dans l'ordre et je n'avais plus qu'à curer ses pieds pour parfaire le pansage. L'animal était parfaitement calme, posant de temps à autre son regard sur moi tandis que j'étais entrain de m'activer comme une girouette autour de lui. Je ne semblais pas le perturber et je l'avais même surpris une fois ou deux à fermer les yeux au passage de la brosse. Je m'approchais de Gizmo, un morceau de pomme à la main. Ce dernier s'empressait de l'engloutir alors que je lui caressais doucement l'encolure.

« Alors, tu veux faire ami-ami ? »