Des retrouvailles dues au hasard !
4 Juillet 2013
TROIS MOIS PLUS TÔT
Ce matin là en me réveillant, je songeai que ça faisait longtemps que je n’avais pas fait quelque chose d’inhabituel. Et j’avais justement eu par un ami une invitation à un rodéo qui passait dans la région. Je décidai de m’y rendre.
En arrivant, je fus tout de suite frappée par l’ambiance étonnante. Ce genre d’événement me frappait toujours par leur différence avec les concours normaux. Des gens partout, des cow-boys dans tous les coins, des éperons, cravaches, brides, selles en nombre important… Mais également des bovins et des chevaux sauvages. C’est vers ses derniers que je me dirigeai. De gros camions les déchargeaient dans le corral. Ils abaissaient le pont et de nombreux chevaux descendaient en catastrophe, apeurés ou en colère. Les oreilles plaquées sur leurs nuques, la tête haute, les naseaux grands ouverts… Ils humaient l’air et étaient complètement affolés. Ils hennissaient, se bousculaient, galopaient…
Arrachés à leur liberté, je ne pouvais que comprendre leur sentiment. Tout était inconnu. Et dans quelques heures, voire minutes, ces chevaux seraient attribués à des cow-boys pour être matés, sellés et bridés, puis montés pour une course de chevaux sauvages.
Je repérais parmi eux plusieurs chevaux, étalons et juments, qui semblaient être des dominants. De robes diverses et variées, tous ces chevaux étaient magnifiques, bien que sales et avec des plaies ensanglantées pour beaucoup. Les cow-boys commencèrent à séparer les chevaux un par un, pour les enfermer dans des petites stalles pour les seller avant la course. Une belle jument alezane avec des crins lavés leur donna particulièrement du fil à retordre. Ils s’y mirent à six avant de réussir à l’acculer dans un coin, de la saisir par le nez avant de serrer fort tout en l’immobilisant, pour la traîner de force dans une des stalles. Si j’avais parié sur la course, ça aurait été sur elle. Elle semblait increvable.
Comme je l’avais pensé, elle gagna la course, loin devant. Mais elle avait donné énormément de fil à retordre à son cavalier et à ceux qui avaient essayés de la seller. Elle était blessée, ses flancs saignaient à cause des éperons, elle avait les traces de cordes qui lui avaient brûlé la peau par endroit, des coupures de toute sorte…
AUJOURD’HUI
Je décidai de me rendre aux écuries du club, pour voir si un des chevaux me plaisait. J’étais en effet d’humeur acheteuse. En arrivant aux écuries du club, je me rendis compte que je n’y avais mis les pieds depuis que j’étais venue pour Aëmy, une belle jument baie que j’avais vendue peu de temps avant. Je longeai tranquillement les boxes, m’arrêtant auprès de chaque cheval et vérifiant s’il était ou non pris en demi-pension par un cavalier. Vers la fin de mon tour, je vis un box portant une plaque, sur laquelle était écrit Nevada. Comme pour les précédents, j’observai le cheval à l’intérieur. Cette couleur, cette liste et ces deux balzanes haut chaussé sur les postérieurs… J’eus une impression de déjà vue. Je cherchais dans ma mémoire. Et puis soudain, je me souvins. Le rodéo trois mois plus tôt, la jument qui avait gagné la course de chevaux sauvages ! Je l’observai de plus près. Elle devînt soudain complètement folle, ruant et galopant dans le box… J’avais reculé pour ne pas me faire mordre par dessus la porte.
“Ainsi, ils n’ont pas réussi à faire de toi un cheval de rodéo… Trop farouche et indomptable je suppose. Je me trompe ?” fis-je gentiment à la jument.
Elle s’arrêta l’espace d’une seconde pour me regarder, avant de repartir de plus belle. Je lus son dossier au complet, ainsi que ce qui lui était arrivée. Ce qu’il lui fallait, c’était un cavalier persévérant qui saurait tout lui apprendre, malgré son caractère indomptable. Je me décidai donc à l’acheter, ayant l’habitude des chevaux difficiles et songeant que j’aimerais tenter le coup avec elle. Je me rendis au bureau de la directrice et je signai les papiers, avant d’aller au domaine chercher un licol et une longue longe. Avec une telle jument, autant de pas prendre de risques. J’ouvris la porte du box, rendant la jument à moitié folle. Je finis par réussir à lui mettre le licol et à y attacher la longe. Immédiatement en sortant du box, elle commença à tourner autour de moi…
Nous y mîmes le temps mais nous réussîmes à nous rendre au Domaine, et je la lâchai dans un des prés du domaine. Ce serait difficile de la rattraper, mais je ne pouvais décemment pas laisser une telle jument dans un des boxes, ou nous aurions risqué de devoir tout refaire. Je l’avais lâchée dans celui qui possédait de très hautes clôtures. Mieux valait ne pas sous-estimer la superbe Mustang sauvage.