box de Wellington

Aujourd'hui, j'arrivais tard au Haras de Pado mais le matin j'étais allée m'inscrire à mon lycée. Je me rendais à pied du parking où mes parents m'avaient déposée jusqu'à mon domaine. Une des connaissances de mon père devait m'amener un Shire bai de 12 ans nommé Wellington. Je m'étais proposé pour le reprendre car l'ami de mon père le vendait car depuis l'âge de huit ans, le Shire était devenu nerveux et difficile à approcher. Son propriétaire ne voulait donc pas perdre de temps avec lui. Il avait même dit que c'était un "cas perdu" mais pour moi aucun cheval n'est un "cas perdu" si l'on a pas essayé. Il devait arrivé dans une demi-heure environ. J'avais tout juste le temps de préparer une stabulation dans le grand hangar du Domaine de la Pâturette. J'y mettais de la paille bien fraîche, du foin, quelques carottes et mettais l'abrevoir automatique en route. J'installais un porte-licol à côté de la porte de la stabulation et même un nouveau porte-selle dans la sellerie. Je voulais que Wellington ait vraiment sa place ici. Il ne restait que cinq minutes avant son arrivée. Impatiente, je faisais les cents pas dans la cour du domaine, attendant le van qui allait l'amener ici. Soudain, j'entendis le bruit d'un moteur et le claquement d'un van sur les graviers. C'était Wellington qui arrivait. Le van se gara sur les places de parking en herbe et un homme descendit. Il s'approcha de moi pour me saluer. C'était le fils de l'ami de mon père. Ce dernier était occupé et n'avait pu venir conduire son ancien cheval de compétition. Il m'expliqua en détails ce qui était arrivé à Wellington avant de me proposer de le descendre du van et de l'installer dans son nouveau box. J'acceptais en lui indiquant là où il devait l'amener. Il le fit descendre et l'emmena jusqu'à la stabulation où il lui enleva son licol et lui fit une dernière caresse. Wellington était vraiment calme en sa présence et je lui demandai son secret. Il m'avoua qu'il avait vu Wellington grandir et que c'était lui qui s'en était occupé. Il était même son groom lors des concours d'attelage mais lui non plus n'avait pas compris la réaction du Shire après cette fameuse compétition où il perdit confiance en l'homme sauf en lui. Il me dit aussi que j'aurais sûrement du mal mais qu'il ne fallait pas que je baisse les bras. Sur ce, je lui dis au revoir et il partit, son van s'éloignant dans le chemin qui rejoignait mon domaine au Haras de Pado. Je me rendis à la stabulation de Wellington que j'observais pendant plus d'une demi-heure. Quand j'eus un peu vu comme il se comportait, je partis pour le laisser tranquille découvrir son nouvel environnement.

Ce matin, je m’étais occupée de B.Please, la jeune Welsh de Whappa et de Rose, la jument palomino de coco avant d’aller pique-niquer dans le parc du Haras de Pado. Il me restait toute l’après-midi avant de retourner chez moi et de ne revenir au haras qu’une semaine plus tard. Je réfléchissais à quel cheval j’allais pouvoir rendre visite quand soudain je pensai à Wellington. Ce dernier était arrivé il y à peine une semaine et je devais le désensibiliser. Le grand Shire refusait de se laisser approcher d’une quelconque personne sauf par le fils de son ancien propriétaire. Je rangeai mes couverts et mon plat dans mon sac et marchai d’un pas rapide jusqu’au Domaine de la Pâturette, le domaine que je partageais avec Chocolat. Je me rendais dans la sellerie où je pris un licol, un seau de grain, du mash et des carottes. Je ressortais et allais ensuite aux stabulations qui nous servaient à loger les chevaux peureux, difficiles, en désensibilisation ou ceux au pré lors de grosses intempéries. La pluie tombait en abondance comme pluies diluviennes. Alors je me dépêchais d’ouvrir la porte de la stabulation de Wellington, qui sursauta et leva la tête, pour m’abriter. Avant de pouvoir l’approcher, j’allais devoir comprendre pourquoi il était devenu peureux d’une minute à l’autre ou qu’est-ce qui l’avait traumatisé pendant cette fameuse compétition d’attelage. L’avait-on maltraité car il n’allait pas assez vite ? Un humain ou un animal sauvage l’avait effrayé ? Cela allait être difficile de trouver ! Tout avait pu lui faire peur et je ne pouvais savoir ce qui se passait dans sa tête. Je décidais de m’asseoir dans un coin de la stabulation du beau Shire et d’observer son comportement. Je restais ainsi pendant une heure et plus. Peu à peu, Wellington s’habitua à ma présence et commença à faire des choses sans se soucier si je le regardai ou pas. Il finit par s’allonger sur le flanc dans la paille fraîche. Devais-je rester à ma place ou le rejoindre ? La tentation était forte et je ne résistai pas longtemps. Je me levai et m’approchai doucement du Shire bai. Il m’entendit et ouvrit les yeux. Il ne voulait pas que je l’approche alors il se leva et partit au petit trot à l’autre bout de la stabulation. J’avais un peu compris son comportement et j’avais une hypothèse sur ce qui s’était passé pour qu’il soit terrifié à l’idée qu’un l’humain le touche. Je pensais qu’un humain l’avait surpris pendant qu’il concourrait. Peut-être un fan ? Un journaliste ? C’est comme au Tour de France. Les cyclistes passent et les spectateurs traversent au risque de faire tomber un coureur. En tout cas, Wellington avait dû avoir très peur. Je sortais de sa stabulation et m’éloignais.