box de Donald

13h30, mon portable vibre sur ma table de chevet. J'ouvre les yeux, et me jette sur le petit portable grand comme ma main. Avant de décrocher je prends soin de me racler la gorge pour avoir la voix plus claire. C'est un numéro inconnu, que je n'ai pas dans mes contacts. J'hésite plusieurs secondes avant de finalement, appuyer sur le bouton vert. Finalement, le numéro raccroche. J'en profite donc pour jeter ma couette loin de mon lit, et m'habille rapidement en tenue d'équitation. De nouveau, j'entends mon portable vibrer, mais seulement une fois. Une longue et une seule fois. Je prends lentement mon portable et lit le texto qui s'affiche sous mes yeux :

« Bonjour Axelle. Je ne sais pas si tu te souviens de moi, j'étais et je suis encore d'ailleurs la propriétaire de Donald. Je te l'avais confié pendant un long mois pour que tu le retravailles, je t'en remercie encore énormément. Etant en période de crise, je dois déménager pour trouver un travail dans une autre ville... Tu es la seule qui pourrai s'occuper comme il se le doit de Donald. Je te le donne, je te l'offre. Rappelle moi s'il te plaît. »

Mes yeux brillent, je ne sais pas quoi dire. Je la rappelle ensuite et on fixe un rendez-vous au haras de pado dans l'heure qui suit. Je prends ma brosse, coiffe mes cheveux en une queue de cheval et enfile mon manteau en direction du haras. Sur la route, je ne pense qu'à Donald. Effectivement, je l'avais travaillé pendant un mois à pied et une fois en monte pour le redresser. Sa propriétaire l'avait ensuite repris, me remerciant pour ce que j'avais fait pour elle, pour eux. Je m'étais beaucoup attaché à ce KWPN au caractère imprévisible. Un mois c'était court, beaucoup trop court mais nous avions eu des résultats. J'étais contente de pouvoir le revoir mais aussi devenir sa propriétaire et en même temps triste qu'Anastasia devait s'en séparer. La crise, toujours la crise. Elle était présente partout et décimée tellement de personne... J'étais bien contente d'arriver en m'en sortir. Je garai ou plutôt jetai ma bicyclette en direction des écuries de bois. Je vérifiai qu'un box soit prêt si jamais je prenais le loulou, ce que j'allais sûrement faire. Je ne voyais pas comment j'allais pouvoir le laisser. C'était un cheval dangereux et difficile à cerner. J'avais réussi à le comprendre, et j'en étais fière... Je ne voulais pas gâcher ce que j'avais réussi à créer. Je décidai de passer mon temps à nettoyer le club house. Anastasia n'arrivait que dans une demie-heure, j'avais le temps de ranger un peu tout ça. Effectivement, le nouvel haras de pado était beaucoup plus collectif. Nous partagions cet espace de vie et il se le devait d'être rangé et accueillant. Je poussai le canapé correctement contre le mur, rangeai les chaises sous les tables et passai un petit coup de balais, dont je jetai la poussière à l'extérieure de la pièce. Je mis la machine à thé / café en marche au cas où, et servis de l'eau chaude dans un petit gobelet. Trois sucres, et un thé peu infusé, c'était mon rituel ! Soudain j'entendis des pas hésitants dans la coure. Je posai la petite tasse et enfilai mon manteau. La propriétaire de Donald était là, adossée sur sa voiture, cherchant quelqu'un du regard. Je me manifestai d'un signe de main et pris la direction du van. On pouvait entendre des coups de sabots dans le van. Je savais très bien que Donald supportait mal les voyages, oui. Je saluai chaleureusement Anastasia et nous ouvrâmes le compartiment pour soulager l'étalon qui commençait sérieusement à s'exciter. Nous savions toute les deux qu'il ne fallait pas tenir la longe. Effectivement dès que nous ouvrâmes et descendîmes la barre, il recula à vive allure et se cabra pendant plusieurs secondes. Nous n'osions pas bouger, ni même respirer. Puis il se dirigea naturellement vers les écuries. Je rattrapai la longe et l'empêcha tant bien que mal de se cabrer.

» On va le mettre dans ce box là bas, il est isolé.

Donald était loin d'avoir le prix Nobel de la gentillesse. Que ce soit avec les humains ou avec les autres animaux, il était exécrable ! C'était beaucoup mieux qu'avant certes mais toujours pas au top. Je le mis dans son box, enlevai son licol que je laissai devant la porte et invitai Anastasia à rejoindre le club house tout juste nettoyé. Nous nous assîmes sur les chaises en plastique, je sirotai mon thé tiédi par le temps tandis qu'elle me regardait, pensive. Je finis par entamer la conversation. Elle m'expliquait sa situation actuelle, le fait qu'elle voulait s'installer dans la capitale en collocation pour trouver plus de travail... Je l'écoutais tout en songeant à Donald, qui s'excitait dans le box. Bien sûr que si je m'intéressais à ce qu'elle me disait, mais je culpabilisais. Peut-être que si j'avais fait de lui le cheval parfait ça l'aurait poussé à rester et donc à le garder... Je jetai mon gobelet dans la poubelle et lui proposai une boisson qu'elle déclinait poliment. Elle me tendit les papiers du cheval concerné. Ses yeux pétillaient. Elle me le donnait, elle savait très bien que je ne pouvais pas refuser des chevaux, j'en étais complètement incapable... Je posai une main compatissante sur son bras et rangeai les papiers dans mon casier du club house. Anastasia se leva, attrapa son sac à dos qu'elle mit sur son épaule gauche et nous prîmes la direction du box de Donald. Elle versa une larme avant même de l'avoir aperçu. Elle ouvrit la porte en bois et tenta une approche, qu'il repoussait d'un coup d'épaule. C'est finalement dans mes bras qu'elle termina. Je la serrai, tout en me rapprochant de l'étalon qui avait finalement tendu son nez en sa direction. Je donnai une carotte à la jeune fille, qu'il vint chercher dans sa main. Elle me regarda et avec les yeux encore larmoyant dit "ça, il y a quelques mois il ne me l'aurait jamais fait". Elle me serra dans ses bras et quittai les écuries, sans détours. Je restai près de l'étalon, j'avais moi aussi versé ma petite larme. J'entendis le vrombissement de la voiture, puis les pneus s'éloigner au loin...

» Elle reviendra, je te le promets...


Cela faisait tout de même au moins trois mois que je ne l'avais pas vu ici. ça faisait du bien tout de même de l'avoir de nouveau dans les écuries... Ce peps m'avait manqué. Je lui avait remis le licol et je l'avais sorti pour l'attacher dans le couloir intérieur. Aujourd'hui était prévu une petite séance de dressage pour voir comment il avait progressé. Anastasia m'avait confié avoir réussi à le sortir une fois en balade, et avoir fait une séance d'obstacle pendant tous ces mois, sinon elle avait chuté à chaque fois. J'étais monté sur son dos seulement une fois, juste quelques minutes en longe mais ça s'était montré sportif, énormément sportif. De plus nous étions dans un rond de longe, aujourd'hui c'était le manège qui nous attendait (averses obligent). Je prenais donc le temps qu'il s'habitude de nouveau à moi, et moi à lui. Je passai mes mains sur son corps, y compris ses membres et sa croupe. Il montrait de l'agacement en tapant des postérieurs et des antérieures, c'était une habitude qui pour moi n'allait pas changer. Je pris une brosse, et commençai à brosser son beau poil. Il avait quelques brins de paille sous le ventre, c'était un cheval de box, il y passai tout son temps. Jamais sorti au paravent, c'était l'endroit où il vivait. Je le nettoyais à fond, même s'il ne le supportait pas. Il se retournait souvent pour essayer de me mordre, mais je l'avais attaché et il ne pouvait pas. Je le quittait quelques secondes des yeux et pris son équipement qu'Anastasia m'avait laissé contre son box. Je pris d'abord le tapis, que j'examinai sous toutes ses formes. C'était un tapis noir, légèrement usé sur le devant brodé au nom de Donald. Je le posai sur le dos du loulou puis posai l'amortisseur blanc en mouton que m'avait laissé son ancienne propriétaire. Il avait une belle selle forestier que je posai elle aussi par dessus le tout. L'étalon ne cessait de bouger durant le sanglage, il n'aimait pas ça je pouvais le comprendre. Je serrai seulement au premier trou et lui donnai une friandise. On avait toujours de meilleures résultats avec le renforcement positif que le renforcement négatif. Je dégarotai le tout, puis pris le filet qu'il avait. C'était un filet havane que je trouvais tout simplement magnifique. Avec un peu de mal je lui mis le mors dans la bouche et passai les oreilles dans le bon sens. Donald était fin prêt. Je mis ma bombe sur la tête et pris une petite cravache qui allait forcément me servir. J'étais pressée de voir les progrès avec lui, même si je savais que ça n'allait toujours pas être de la tarte. Direction le manège...

« manège »

J'avais mal au coup, à la tête et au coude mais au fond j'étais vraiment contente. Certes, je m'étais tout de même pris un par-botte mais j'avais réussi à avoir un cheval calme durant plusieurs tours. C'était compliqué, très compliqué. Tout était à revoir avec lui. C'était des semaines de pas seulement, des semaines de pas et de trot, je ne voulais pas galoper sans l'avoir à la perfection dans les allures précédentes. Je le tenais par le filet, Seychelles elle marchait tranquillement à côté de moi. Nous parlions naturellement de chevaux, toujours et toujours. Je lui demandais notamment comment ça se passait avec Scooby qu'elle avait pu acheter, j'étais tellement contente pour elle. Je remis alors l'étalon directement dans son box, pour lui enlever l'équipement. C'est alors que la blonde s'approcha pour m'aider que Donald, toujours dans sa "bonne humeur" se retourna et mordit la jeune fille. Je lui frappai le museau et me retournai vers Seychelles qui avait pris un air choqué. Elle n'avait rien, il lui avait mordu la manche. C'est avec soulagement que j'entrai donc de nouveau dans le box, même si j'étais encore énervée par ces mauvaises méthodes.

Je pris une brosse et lui brossai rapidement le poil, enlevai la boue sous ses pieds et lui mis une couverture séchante. Je vérifiai que tout allait bien chez lui, s'il n'avait pas des bobos ou des choses dans le genre. Je pris donc son équipement que j'avais posé devant le box et posai tout à sa place dans la sellerie de notre domaine. Je vérifiai également que le box était bien fermé, l'était de l'abreuvoir du loulou puis je pris Seychelles par les épaules en le menant vers le club-house.

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