box de Nouschka

Je suis née un beau jour de printemps dans un élevage où on s'occupait bien de ma mère et de moi. J'étais heureuse, tout le monde me caressait et me regardait. A mes six mois, j'ai été séparée ma mère. J'étais triste pendant au moins une semaine mais j'ai vu que les autres poulains jouaient tous ensemble sans se lamenter de ne plus être avec leur mère alors j'ai voulu jouer avec eux mais le plus dominant m'a rejeté. Pourquoi m'a-t-il rejeté maman ? Tu m'as dit que j'avais une robe que presque aucun poulain n'avait. Peut-être était-il jaloux ? Alors je suis repartie dans mon coin, pensant chaque jour à ma tendre jeunesse pendant laquelle tout le monde s'occupait de moi. Puis un jour, on est venu me chercher, on m'a mit quelque chose de bizzard sur la tête et on m'a fait rentrée dans une boîte qu'il roule. Les humains appellent ça un van. J'avais du foin dans un filet et j'en ai mangé. J'avais faim car le poulain dominant de ma pâture ne me laissait pas souvent approcher le ratelier. J'avais alors un an et demi quand je suis revenue sur le lieu de ma naissance. On m'a chouchouté et manipulé. J'adorais ça ! Mais un jour, alors qu'on m'avait emmené en balade, j'ai eu très peur d'un tracteur et j'ai donné des coups de cul. Malheureusement, j'en ai donné à une fille qui a dû partir aux urgences et la directrice de l'élevage où j'étais née m'a tapé puis m'a revendu. Elle voulait se débarrasser de "cette saloperie" comme elle a dit ce jour là. Mais maman je n'y étais pour rien moi. J'avais juste eu peur. Le jour de mon départ, ma mère était là. Nous nous sommes regardées dans les yeux pour nous dire au revoir et je suis partie à jamais. Je ne reverrai plus ma mère. A Noël, je suis arrivée chez une personne très gentille qui a essayé de me faire reprendre le goût de la vie. Je lui ai accordé ma confiance puis elle n'est plus jamais venue me voir. Qu'avais-je fait de mal ? J'ai attendu dans mon box puis elle est revenue dans les écuries. Elle était accompagnée par une personne. J'ai tendu l'oreille pour entendre leur conversation.
« - Cette jument est de race Haflinger, non ?
- Oui, c'est ça. Elle s'appelle Bella.
- Je vous l'achète. Vous vendez d'autres chevaux à part vos Shire ?
- Je vais éventuellement vendre une petite jument d'origines inconnues. Elle a 3 ans et n'a jamais été montée. Je l'ai juste un peu manipulée. »
C'est de moi dont elle parlait. Elle voulait me vendre ! Heureusement je connaissais bien Bella. Nous avions déjà été sorties ensemble dans le paddock. Si je partais d'ici, peut-être arriverais-je dans un endroit où on s'occuperait bien de moi ? Au moins, je serais avec Bella, je la connais bien.
« - Elle est jolie ! Comment s'appelle-t-elle ?
- Noushka. Prenez en compte qu'elle ne sera pas toujours facile à débourrer.
- Ce n'est pas un soucis, j'ai une attirance vers les chevaux qui ne savent pas tout faire tout seul.
- Vous m'achetez les deux alors ?
- Oui, je prends Bella et Noushka.
- Très bien ! Allons discuter des prix dans mon bureau. »
C'était décidé ! J'allais être vendue à cette personne avec Bella. cette dernière passait sa tête par-dessus la porte de son box et hennissait. Elle voulait me parler. Elle aussi avait compris ce qui se passait. Elle s'inquiétait mais elle était bienveillante à propos de cette personne qui allait nous accueillir. Mon ancienne et ma nouvelle propriétaires revinrent. Elles avaient sûrement conclus un prix.
« - Vous avez amené votre van ?
- Oui, j'aimerais ramener mes nouveaux chevaux tout de suite si ça ne vous dérange pas.
- Pas de problème. Je vais vous aider. Vous n'avez qu'à prendre Bella. Moi, je vais prendre Noushka.
- D'accord ! »
Mon ancienne propriétaire rentra dans mon box et me serra fort dans ses bras. Des larmes coulaient de ses yeux.
« Désolée ma belle mais je ne peux plus vous garder. J'espère que tu vivras heureuse. Au moins, tu es avec Bella. Tu t'entends bien avec elle. »
A ces mots, je me sentis toute triste. Elle ne me vendait pas pour le buisness mais elle était obligée de le faire. Elle m'emmenait jusqu'au van de ma nouvelle propriétaire. Il avait l'air douillet. Il y avait de la paille au sol et un filet de foin bien remplie.
« - Donnez-moi Bella, je vais monter les deux en même temps.
- D'accord. »
Mon ancienne propriétaire prit la longe de Bella dans sa main droite et la caressa.
« Au revoir mes louloutes. Je vous aime fort. »
Les adieux étaient un moment déchirant, toujours triste. Je n'aimais pas les adieux même si ce n'étaient que la deuxième fois que je devais en faire. Elle nous monta dans le van, nous fit une dernière caresse et sortit du van. La porte de ce dernier se referma, nous laissant dans l'obscurité. Le véhicule démarra. Au revoir ma maison ! Nous roulions depuis une vingtaine de minutes quand la voiture s'arrêta. Nous devions être arrivées. J'étais anxieuse. J'avais peur de ce qui pourrait m'arriver. La porte de devant s'ouvrit et ma nouvelle propriétaire apparut. Elle nous descendit. Belle et moi regardions notre nouvelle maison, les oreilles en avant. J'aperçu ne silhouette d'homme qui sortait d'un bâtiment qui était sûrement les écuries.
« - Salut Pêche
- Salut Julien ! Tu vas bien ?
- Oui et toi ?
- Oui, ça va.
- Tu as trouvé ton bonheur !
- Oui ! J'ai acheté Bella, la jument Haflinger et Noushka, une jument d'origines inconnues. Il faudra en prendre grand soin !
- Ne t'inquiète pas ! C'est ce que je fais avec tous tes chevaux ! »
J'avais écouté cette discussion et j'étais maintenant rassurée. Ils comptaient bien d'occuper de nous. Ma nouvelle propriétaire, qui s'appelait Pêche, nous fit rentrer dans de grandes écuries spacieuses. Il y avait pas mal de chevaux : des grands et des petits, des étalons, des hongres et des juments, etc. Nous arrivions devant un box vide qui était paillé. Du foin était mis dans l'auge et il y avait un abreuvoir automatique. Pêche y installa Bella. J'avais peur de me retrouver dans un box moins bien car j'avais sûrement moins de valeur que mon amie. Mais non ! J'avais un box aussi douillet que Bella. Pêche me fit entrer dedans, enleva mon licol et me caressa longuement avant de sortir du box et de s'éloigner. J'avais hâte de découvrir ma nouvelle vie !

Pêche n'était pas venu s'occuper de moi depuis mercredi et je m'ennuyais ferme quand elle arriva ce matin. Je passais la tête par-dessus la porte de mon box et hennissait pour attirer son attention. Je voulais qu'elle s'occupe de moi. J'avais envie qu'elle me sorte au paddock avec Bella. Et à mon grand bonheur, elle se dirigeait vers mon box puis prenait mon licol et entrait. Je l'accueillais avec joie, réclamant des caresses alors elle me tapota l'encolure. Elle me mettait mon licol et posait sa boîte de pansage par terre. J'avais une entière confiance en Pêche, je savais qu'elle ne me voulait que du bien. Alors je me laissais faire, elle m'avait mis le licol sans problème et maintenant elle prenait ses brosses. Elle me les faisait sentir mais tout ce que Pêche me présentait je n'en avais pas peur car je savais qu'elle ne voulait pas me faire du mal. L'autre jour, lors de sa discussion avec Julien, elle a dit que Bella et moi devrions être bien soignées et depuis ce jour, tout se passe bien. Nous avons de l'eau à volonté, du foin et du grain matin et soir, des carottes le matin et les boxes sont repaillés tous jours. Alors comme je ne montrais aucun signe de peur, Pêche se mettait à me brosser activement. Qu'est-ce que j'aimais les gratouilles des brosses ! De temps à temps, elle me caressait puis reprenait le pansage. Elle me nettoyait les membres qui étaient un peu boueux et me brossait un peu partout pour me désensibiliser. Elle peignait avec soin mes crins puis curais mes pieds avant de ranger ses brosses dans sa caisse et de la fermer. Elle saisissait ma longe et me sortais un box. Etonnée, je m'éloignais avec Pêche, jetant des coups d'oeil un peu apeurés à Bella. C'était la première fois que je sortais sans mon amie et quand elle était là je me sentais en sécurité. Mais j'étais avec Pêche et cela me rassura un petit peu. Je marchais à droite de Pêche qui m'emmenait dans une allée bétonnée. J'avais mal aux sabots mais dès qu'elle vit de l'herbe, elle me fit marcher dessus. Pêche était attentionnée avec nous. Puis elle se retourna et se plaça devant moi, essayant de m'attirer. Je la suivais sans hésiter, elle avait l'air d'avoir des friandises dans ses poches et j'avais eu raison. Une fois tout près d'elle, elle mit la main dans sa poche, en sortit une friandise et me la donna. Je la mangeais avec saveur. Qu'est-ce que c'était bon les friandises ! J'en n'en avais presque jamais mangé car je ne travaillais pas beaucoup chez mon ancienne propriétaire mais j'adorais ça et je les savourais les peu de fois où on m'en donnait. Pêche me promena longtemps. Peut-être une heure ou même deux. Quand enfin nous revinrent aux écuries. Pêche me rentrait dans mon box et me brossait encore. Avant de partir, elle me donna une carotte et me caressa longuement. Elle sortit du box et s'éloigna. J'hennissais pour lui dire au revoir.

Ce soir-là, Pêche entra dans les écuries, faisant claquer sa langue pour attirer l’attention de tous les chevaux. Je passais ma tête par-dessus la porte de mon box. Pêche prit sa boîte de pansage et le licol qu’elle m’avait attribué. Puis elle se dirigea vers moi et entra dans mon box. Elle me caressa et me mit mon licol. Elle posa sa boîte de pansage par terre et en sortis des brosses. Elle me pansa longuement et attentivement. Qu’est-ce que cela faisait du bien ! Cela me gratouillait. Pêche vit que j’appréciais ce pansage et elle rigola. Elle rangea son étrille et son bouchon puis prenait un cure-pied ainsi qu’un peigne. Elle me nettoyait les sabots, grattant, curant et brossant puis elle démêlait mes crins avant de remettre ses brosses dans sa boîte de pansage et de fermer cette dernière. Elle sortit du box, rangea sa caisse, prit le licol de Bella et se rendit dans son box. Elle lui mit son licol, la sortit du box et vint me chercher. Pêche marchait au milieu de Bella et moi et nous emmenait vers un lieu que nous ne connaissions pas encore.

Après cette séance au rond de longe et cette petite balade à pied, Pêche nous ramena au Domaine de la Pâturette. Elle fit rentrer Bella dans son box, lui enleva son licol puis moi dans le mien. Elle alla ranger nos licols dans la sellerie et revint avec un sac de carottes. Elle en distribua une à chaque cheval et nous en donna deux chacune puisque nous venions de travailler. J’adorais ma nouvelle vie avec Bella et Pêche même si cette dernière avait moins de temps pour s’occuper de nous que lorsqu’elle que nous l’avions rencontré. Il était déjà tard et Pêche n’allait pas tarder à nous laisser. Après avoir donné friandises à tous les chevaux de l’écurie, Pêche éteignit la lumière, sortit dehors et ferma la porte.